[Humeur] [Analyse] (15 septembre 2016, la veille du sommet de Bratislava) Regardons la réalité en face : je ne vois aucune volonté politique pour que la construction européenne fasse un quelconque « bond en avant », qu’il soit fédéral ou pas. Pas plus que je ne vois de volonté politique pour intégrer le « noyau dur » de l’Union, que ce soit à six ou à dix-neuf. Mais que Bruxelles se rassure : il n’y aura sans doute pas non plus – du moins dans l’immédiat – de renationalisation massive des politiques européennes. Non, ce à quoi on peut s’attendre, c’est à une sorte de statut quo constructif, qu’il faudra exploiter au mieux. Et c’est là, évidemment, que les problèmes commencent.
Mois: septembre 2016
Le gouvernement polonais accusé de révisionnisme sur la question juive
[Chronique] (Le Monde, 26 juillet 2016) La nouvelle « politique historique » promue par les souverainistes du PiS (Droit et Justice) au pouvoir en Pologne s’apprête à rouvrir des pages que l’on croyait tournées dans les manuels d’histoire. Cette forme particulière de patriotisme, chère au président du parti, Jaroslaw Kaczynski, exclut une approche critique de l’histoire du pays. Le 21 juillet, le Parlement polonais a élu, sous les ovations de la majorité conservatrice, l’historien Jaroslaw Szarek à la tête de l’Institut de la mémoire nationale (IPN). Son profil controversé est sur le point de rouvrir une vielle plaie historique dans les relations judéo-polonaises.
Faut-il détruire les arbres de la forêt de Bialowieza pour mieux la sauver ?
[Reportage] (Le Monde, 16 juin 2016) Dans la bourgade polonaise de Bialowieza, à la frontière biélorusse, la polémique est aussi vieille que la Pologne libre, et aussi exceptionnelle que la forêt qui l’entoure : dans quelle mesure l’homme a-t-il le droit de poser la main sur l’une des forêts les mieux conservées d’Europe ? Au milieu du « Far East » de l’Europe occidentale, à la croisée des chemins entre la chrétienté et l’orthodoxie, le temps semble s’être arrêté tant la nature y est imposante. La forêt de Bialowieza – 150 000 hectares des deux côtés de la frontière – abrite, en plus des derniers bisons sauvages d’Europe, des loups, des lynx, et surtout des écosystèmes uniques au monde.

Photo : Kuba Kaminski
La « décommunisation », serpent de mer de la Pologne
[Idées] (Le Monde, 14 avril 2016) Symbole d’une histoire dont les plaies peinent à se cicatriser, la question de la « lustration » – la décommunisation de l’appareil d’Etat, et plus largement, de la vie publique – revient régulièrement à grand fracas dans le débat public polonais depuis près d’un quart de siècle. Elle constitue l’un des principaux points de clivage depuis les débuts de la transition démocratique : d’un côté, un vaste camp modéré libéral farouchement hostile à tout règlement de comptes envers le passé communiste ; de l’autre, la droite ultraconservatrice, pour qui la décommunisation n’est jamais allée assez loin.
Les Kurski, frères ennemis
[Chronique] (Le Monde, 4 février 2016) Leur fratrie est devenue le symbole du clivage idéologique qui ronge la Pologne depuis le début de la transition démocratique. Cette division que les médias ont pris l’habitude d’appeler « guerre polono-polonaise », entre la gauche laïque et libérale d’un côté, la droite ultraconservatrice de l’autre. A l’aube de la nouvelle « révolution morale » menée par le parti Droit et justice (PiS), ce conflit prend toute sa place dans l’actualité.

Illustration : Anne-Gaëlle Amiot
La Pologne mène sa révolution conservatrice
[Analyse] (Le Monde, 22 décembre 2015) Des dizaines de milliers d’opposants dans la rue, des condamnations venues de toute l’Europe, une crise institutionnelle jamais vue depuis la transition démocratique. Avec le retour au pouvoir des conservateurs du parti Droit et justice (PiS), le 16 novembre, la Pologne est entrée dans une période troublée, sous le regard préoccupé de l’Europe et de l’opposition, qui s’inquiètent de voir le pays renouer avec des tendances autoritaires.
La démocratie polonaise face aux fantômes du passé
[Idées] (ParisBerlin magazine, août 2014) L’apaisement de la mémoire collective reste un défi majeur de la démocratie polonaise qui lutte encore avec son passé communiste. Rétrospective d’une démocratie jeune de quelque 25 années.
Le 4 juin dernier les Polonais célébraient le 25e anniversaire des premières élections partiellement libres qui amorcèrent en 1989 la chute du système communiste. Cette commémoration a été́ l’occasion pour le pays d’effectuer le bilan d’un quart de siècle de transformation politique, économique et sociale. Si le “retour vers l’Occident” a globalement fait l’objet d’un consensus au sein de la population et de la classe politique polonaises, le chemin, dans les détails, a été́ marqué par des remous et des clivages importants, dont les traces sont encore visibles aujourd’hui.
Le match perdu de l’UE en Moldavie
[Reportage] (Europolitics, février 2015) En Moldavie, la Russie a tissé ses réseaux dans tous les domaines de la vie publique. L’UE essaye d’y accroître son influence. Sans succès.
La semaine précédant le carême orthodoxe, les visiteurs de l’aéroport de Chișinău ont eu le droit à un accueil haut en couleur. Dans le cadre des « Journées de la culture russe » organisées au sein de l’aéroport international, on pouvait y déguster des spécialités culinaires des rives de la Volga et sentir l’ambiance des danses folkloriques russes. Cette opération de communication, dans un lieu aussi symbolique que stratégique, n’est pas le fruit du hasard : depuis 2013, l’entreprise russe Komaks a obtenu une concession exclusive sur l’aéroport de Chișinău pour une durée de 49 ans. La société, basée en Sibérie orientale et présidée par un « ancien » officier des services secrets russes, a ainsi obtenu le monopole de la gestion des vols à destination et en provenance de l’UE, et ce alors même que le pays vient d’achever avec succès son processus de libéralisation avec le Vieux Continent. Ironie du sort, la transaction – dénoncée par les médias locaux comme non transparente – a été entreprise par un gouvernement soutenu par Bruxelles.
La Russie à la conquête de l’Europe
[Analyse] (Europolitics, février 2015) Le Kremlin s’appuie en Europe sur de puissants réseaux chargés de relier ses intérêts et sa bonne parole. Les dirigeants russes sont bien plus à l’aise dans l’utilisation des mécanismes démocratiques occidentaux que les Européens ne le sont à tenter d’influer sur les arcanes du pouvoir du Kremlin. Lire la suite