En Pologne, trente ans après la chute du Mur de Berlin, la transition démocratique toujours en débat

Article publié sur Le Courrier d’Europe Centrale à l’occasion du 30e anniversaire de la chute du Mur de Berlin.

Les Polonais ont une obsession de leur histoire, aussi bien ancienne que récente. Comme peu d’autres nations, ils se plaisent à la ressasser et à la réécrire, comme si cette permanente révision pouvait fondamentalement améliorer leur condition présente. Une des théories récentes qui circule au sujet de la révolution du syndicat Solidarnosc des années 1980, et que ce fût une révolte essentiellement motivée par la dignité matérielle, plus que par de réelles revendications démocratiques, au sens occidental du terme. Après tout, les revendications des ouvriers étaient, à leur origine, d’ordre purement matériel, avant que des intellectuels comme Adam Michnik, Bronislaw Geremek où Jacek Kuron ne viennent y greffer les idéaux des Lumières.

Cette théorie expliquerait la popularité importante des ultraconservateurs du parti Droit et Justice (PiS), au pouvoir depuis 2015, en dépit de leur remise en cause des principes de la séparation des pouvoirs et de leurs manœuvres ostensiblement inconstitutionnelles. Grâce à la politique sociale d’ampleur que le parti de Jaroslaw Kaczynski a mise en place « en contrepartie », les portefeuilles des Polonais et les centres commerciaux géants qui parsèment le pays n’ont jamais été aussi remplis, et une majorité de la population semble indifférente aux imbroglios institutionnels autour de l’Etat de droit.

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Pour lutter contre les populismes, un nécessaire changement de paradigme économique

« Tant que la forme de l’actuel capitalisme ne changera pas, des personnes de la sorte de Trump continueront d’arriver au pouvoir » argumentait le philosophe polonais Andrzej Szahaj, peu après l’élection de Donald Trump, dans les colonnes du quotidien conservateur polonais « Rzeczpospolita. » Selon lui, le terme de « populisme » utilisé à tord et à travers pour disqualifier d’emblée tous les arguments qui vont à contre-courant de la pensée économique dominante, est devenu « un outil de déni de réalité » pour de nombreux commentateurs. Lire la suite

En Pologne, l’Etat de droit n’est plus que théorique

[Analyse] (Le Monde, 10 février 2017)  Une présidente désignée dans des conditions douteuses, trois juges au statut incertain, trois décisions censurées par le gouvernement : le nouveau Tribunal constitutionnel polonais est devenu, aux yeux de la plupart des juristes, une anomalie juri­dique. Après un an de bataille, la majorité ­ultraconservatrice du PiS (Droit et justice) au pouvoir à Varsovie a réussi, en décembre 2016, à prendre le contrôle de la plus haute instance juridique du pays. Le parti a attendu que le mandat du président contestataire arrive à son terme pour le remplacer par une présidente proche du PiS. Lire la suite

Le populisme s’ancre profondément en Pologne

[Analyse] (Le Monde, 24 octobre 2016) « L’impossibilisme. » C’est par ce néologisme que le président du PiS (Droit et Justice), Jaroslaw Kaczynski, caractérise la démocratie libérale. Un aspect contre lequel son gouvernement a la ferme intention de lutter. Un an après l’arrivée au pouvoir du parti ultraconservateur en Pologne, et même si l’interdiction totale de l’avortement a été rejetée, rien ne semble impossible pour la majorité.

Son projet de réforme de la société polonaise a un caractère total : il concerne tous les aspects de la vie publique, de l’économie au social, en passant par l’école, la culture et l’histoire. Les contre-pouvoirs, au premier rang desquels le Tribunal constitutionnel, perçus comme des freins à la « révolution conservatrice », sont en voie d’être neutralisés. Même s’il faut, à coup de projets de loi votés au nom de la sacro-sainte « souveraineté populaire », enfreindre la Constitution polonaise. Lire la suite

Un mot sur le processus de « relance » de l’Union européenne

[Humeur] [Analyse] (15 septembre 2016, la veille du sommet de Bratislava) Regardons la réalité en face : je ne vois aucune volonté politique pour que la construction européenne fasse un quelconque « bond en avant », qu’il soit fédéral ou pas. Pas plus que je ne vois de volonté politique pour intégrer le « noyau dur » de l’Union, que ce soit à six ou à dix-neuf. Mais que Bruxelles se rassure : il n’y aura sans doute pas non plus – du moins dans l’immédiat – de renationalisation massive des politiques européennes. Non, ce à quoi on peut s’attendre, c’est à une sorte de statut quo constructif, qu’il faudra exploiter au mieux. Et c’est là, évidemment, que les problèmes commencent.

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La Pologne mène sa révolution conservatrice

[Analyse] (Le Monde, 22 décembre 2015) Des dizaines de milliers d’opposants dans la rue, des condamnations venues de toute l’Europe, une crise institutionnelle jamais vue depuis la transition démocratique. Avec le retour au pouvoir des conservateurs du parti Droit et justice (PiS), le 16 novembre, la Pologne est entrée dans une période troublée, sous le regard préoccupé de l’Europe et de l’opposition, qui s’inquiètent de voir le pays renouer avec des tendances autoritaires.

kaczor Lire la suite